Peu importe votre niveau, vous avez certainement déjà rencontré ce moment où vous ne groupez plus ! Rien à faire… ça ne va plus, et pourtant vous prenez le temps de bien viser bien le jaune !!

Avec cette phrase (qui me fait déjà frissonner) nous avons déjà deux soucis :
– Bien viser le jaune : donc … parfois vous visez ailleurs ?
– Prendre le temps de bien viser : donc … vous faites dans la variété ?

Un bon archer recurve est avant tout une machine bien huilée : un mouvement répétitif, sans hésitation, sans modification de dernière seconde… bref, c’est toujours pareil : même allonge, même timing, même façon de faire – cerveau sur OFF.

Examinons un peu les deux composantes que nous avons identifiées plus haut : la visée, le timing.

1. La visée

Il existe deux types de visées : passive ou active.

La plus évidente, la visée active, nous tentons de mettre le point dans le jaune : par force de conviction et force musculaire, et bien entendu, nous y mettons de l’énergie pour maintenir le point dans le jaune (ouf ! je suis déjà fatigué)

L’autre approche, passive cette fois, s’appuie sur la faculté que notre cerveau a de naturellement poser son attention sur le centre d’un cercle, plutôt que sa périphérie. Regardez un blason, instinctivement vous allez regarder le jaune.

Il est possible d’utiliser cette faculté pour viser. En fait, vous ne visez plus avec attention, vous laissez votre cerveau et votre corps guider votre œilleton vers le jaune. Lâchez prise !

2. Le timing

Lorsque vous tirez une flèche, le geste doit toujours être le même. Dès lors, aucune raison d’aller une fois plus vite et une fois plus lentement. Essayer de réguler votre vitesse de mise en arc, d’ancrage, de transfert, de décoche … Au plus vous serez régulier dans votre timing de tir, au plus votre niveau va augmenter.

Un conseil : ne soyez pas trop lent, avec l’espoir que le viseur ne bouge pas !

Si vous êtes trop lent : vous fatiguez, vous vous donnez une fausse impression de stabilité (vous allez être instable car vous fatiguez et tremblez)

Si vous êtes trop rapide : vous ne laissez pas le temps à votre musculature de se placer pour de bon, avec suffisamment d’engagement pour prévenir notamment le poids de l’arc qui va se faire sentir à la décoche, entre autres.

3. Le tir continu

Pourquoi vous avoir parlé de la visée passive et du timing auparavant ? Tout simplement car ce sont deux points importants que le tir continu va utiliser.

Avant tout, soyons clair : qu’est ce que le tir continu ?

Il s’agit tout simplement du fait d’être toujours en traction sur la corde, depuis le tout début jusqu’à libération : pas de temps d’arrêt, pas de repos, rien on tire et puis c’est tout !

Malgré cela, voici ce que l’on peut, par exemple, observer lorsque l’on regarde le clicker d’un archer qui est en fin de traction (ce classement n’engage que moi) :

• Le Chien de Chasse : l’archer ouvre son arc, la flèche vient à 1mm du bord du clicker et s’arrête. Il vise, puis il continue de tirer ;

• Les Dents de la Mer : l’archer ouvre son arc, la flèche arrive à 1mm du bord du clicker et elle s’arrête, puis elle repart, puis elle revient, puis elle repart, puis… enfin elle part (elle en a marre, vous avez un coup d’barre) ;

• Le Rocket Power  : l’archer ouvre son arc, la flèche arrive à 5 mm du bord du clicker, et ensuite dans un grand élan, elle recule généreusement et très rapidement, pour être enfin décochée ;

• Le Sleep on the Beach : l’archer ouvre son arc, la flèche recule vers le bord du clicker mais ensuite s’arrête et repart de plus en plus (au revoiiiir).

Voilà voilà ! c’est une vue humoristique mais néanmoins réaliste. Comme vous l’aurez compris, aucune de ces techniques ne sont correctes (à la limite, le Rocket Power est jouable).

La traction doit être continue, l’intensité de la traction doit être égale ou en légère (vraiment légère) augmentation à partir de l’ancrage. En aucun cas elle ne doit s’arrêter ou pire, en décroissance (rappelez vous de la courbe de Lorenz).

Quelques exercices pour mettre tout cela en pratique :

• Visée passive  : À 5m sur un blason de 80cm, mettez vous en arc sans clicker, depuis l’ancrage, laissez l’œilleton se balader tranquillement dans le jaune, où il veut. Quand cela devient naturel, réduisez la taille du blason.

• Timing  : Demandez à un ami de chronométrer votre tir. Tirez normalement ! Mesurez 30 tirs et ensuite analysez votre tendance. 2è étape : lorsque vous avez défini votre tendance, demandez à votre ami de vous signaler d’un TOP sonore lorsque vous avez atteint votre timing de référence. Vous pourrez ainsi observer, à chaque flèche si vous êtes plus rapide ou plus lent.

• Tir continu : Le plus simple est de demander à ce que l’on filme votre flèche qui passe le clicker ! Concentrez vous sur vos sensations, tirez à 3m sur paille les yeux fermés. Portez beaucoup d’attention à la pose de l’ancrage, c’est souvent là que les problèmes commencent.

L’étape ultime de la traction continue sera l’expansion, mais on reparlera plus tard 😊

Bon travail !!